Télécharger le rapport 
(Veuillez
nous contacter si vous avez besoin d'un format différent)

Réalisation et utilisation d’une évaluation des services écosystémiques aux fins de prises de décisions

Boîte à outils interdisciplinaire à l’intention des gestionnaires et des analystes

La boîte à outils est un guide technique sur l’évaluation et l’analyse des services écosystémiques qui offre des conseils pratiques par étape pour tous les ordres de gouvernement ainsi que pour les experts-conseils et les chercheurs. Fondée sur une approche interdisciplinaire intégrant les sciences biophysiques, les sciences sociales et l’économie ainsi que le savoir traditionnel et les connaissances des praticiens, la boîte à outils présente la façon d’appliquer l’analyse dans différents contextes axés sur les politiques, comme l’aménagement de l’espace, l’évaluation environnementale et la gestion de la faune. Elle offre une gamme d’outils et de ressources pour aider les utilisateurs à mieux comprendre les services écosystémiques, en plus d’appuyer l’analyse et la prise de décision. Elle offre également plusieurs exemples propres au Canada.

Sommaire

Introduction

Les services écosystémiques (SE), parfois appelés « avantages de la nature », attirent l’attention sur les manières dont les êtres humains ont besoin d’un environnement sain [1]. Les SE maintiennent la vie (p. ex. en fournissant de l’air, de l’eau, de la nourriture, des matières brutes, des médicaments), assurent la sécurité (p. ex. en atténuant les phénomènes météorologiques extrêmes, la propagation de maladies à transmission vectorielle), et procurent la qualité de vie (p. ex. en maintenant la santé mentale et physique, l’identité culturelle, les loisirs), entre autres nombreuses choses. Peu importe le nom qui leur est donné, les avantages de la nature sont le fondement des vies et des économies humaines. Les êtres humains interviennent à divers degrés dans la plupart des SE par la gestion environnementale et la modification de l’environnement. La biodiversité - la variété de formes de vie au sein des espèces et des écosystèmes et entre eux - est une composante essentielle des SE. La biodiversité sous-tend la résilience, l’intégrité et le fonctionnement des écosystèmes [2].

L’activité anthropique a cependant été la cause de déclins importants de la biodiversité dans le monde entier et de la grave dégradation des écosystèmes [3]. En 2010, la 3e édition du rapport Perspectives mondiales de la diversité biologique (PMDB-3) de la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies (ONU) a permis de constater que toutes les pressions importantes qui s’exercent sur la biodiversité augmentaient et que « certains écosystèmes étaient poussés vers des seuils ou points de basculement » [4]. Ces pertes compromettent gravement la capacité des écosystèmes de produire des SE en occasionnant des coûts mesurables à la santé, à la sécurité et au bien-être publics. L’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM) a évalué l’état et les tendances des écosystèmes et des SE et les façons dont ils profitent au bien-être humain. Voici l’une des principales conclusions de l’EM : « Au cours des cinquante dernières années, l’Homme a modifié les écosystèmes plus rapidement et plus profondément que durant toute période comparable de l’histoire de l’humanité, en grande partie pour satisfaire une demande toujours plus grande en matière de nourriture, d’eau douce, de bois, de fibre et d’énergie, ce qui a entraîné la perte considérable et largement irréversible de la diversité de la vie sur la Terre » [5]

Le besoin d’une évaluation des services écosystémiques

La croissance de la population humaine et l’augmentation de l’urbanisation intensifient les demandes imposées aux écosystèmes, ce qui met les SE davantage en péril. En raison de la complexité et de l’interdépendance des SE, il s’impose d’adopter une approche globale pour régler des situations dans lesquelles des décisions qui mettent les écosystèmes à contribution ou empiètent sur eux se solderaient par une baisse du bien-être humain par suite de la perte de SE. « L’évaluation des services écosystémiques » est une approche qui a été élaborée pour satisfaire à ce besoin, et des gouvernements du monde entier envisagent de plus en plus d’avoir recours à l’évaluation des SE et aux analyses connexes pour guider leurs politiques, leurs décisions et leurs pratiques de gestion. L’évaluation des SE exige que l’on tienne compte des fonctions écosystémiques, des façons dont ces fonctions génèrent les services qui procurent des avantages et des façons dont ces avantages sont répartis dans la société. Par conséquent, il s’agit d’une activité en général interdisciplinaire et technique qui doit être effectuée par une équipe d’experts interdisciplinaire. Cette approche désigne les conséquences du changement environnemental et les façons dont les décisions en matière de gestion environnementale peuvent améliorer, réduire ou maintenir le flux d’avantages des SE. L’objet de l’évaluation des SE consiste à fournir des renseignements exhaustifs et détaillés au sujet des coûts et des avantages qu’il y a à contribuer aux décisions en matière de gestion environnementale.

Exemple : Une collectivité agricole a fait part de son inquiétude au sujet de la diminution des récoltes de fruits et soupçonne que la baisse des taux de pollinisation en est la cause. Une évaluation des SE pourrait s’attacher à améliorer les connaissances écologiques du sort des espèces pollinisatrices et à examiner des SE connexes comme la production végétale, l’habitat, le contrôle naturel de l’érosion et l’écotourisme concomitant. Ces SE supplémentaires sont rendus solidaires de la pollinisation par des voies écologiques et économiques et ont été désignées comme étant importantes sur les plans social et économique pour les populations locales. Dans le cadre de l’évaluation, il peut s’imposer la valeur économique de la pollinisation dans ce secteur pour justifier des interventions de gestion particulières.

Pertinence stratégique de l’évaluation des SE

L’évaluation des SE peut étayer et guider les analyses et les décisions afférentes à de nombreux enjeux. Une orientation est donnée (au chapitre 3) pour l’utilisation de l’évaluation des SE dans le cadre des cinq groupes généraux d’enjeux stratégiques suivants :

  • Planification par zone. Les exemples présentés sont l’évaluation environnementale stratégique régionale et la planification de l’utilisation des terres/spatiale.

  • Analyse des décisions de réglementation. Les exemples présentés sont l’évaluation environnementale (impact), l’évaluation environnementale stratégique et l’élaboration de règlements et de politiques.

  • Évaluation des dommages à l’environnement. L’exemple présenté est l’évaluation des dommages à l’environnement.

  • Gestion environnementale. Les exemples présentés sont l’établissement et la gestion des aires protégées, la gestion des espèces et des écosystèmes et la gestion des espèces exotiques envahissantes.

  • Instruments de conservation. Les exemples présentés sont les programmes d’encouragement à la conservation et les crédits de conservation.

Pour tout enjeu stratégique particulier qui est abordé, il est important de déterminer la pertinence des SE ainsi que les points d’accès au processus stratégique à suivre pour prendre les SE en considération et ce que pourraient comporter quelques-unes de ces considérations.

L’évaluation des SE est une activité technique et interdisciplinaire

L’évaluation des SE fournit un ensemble pratique de procédures permettant de comprendre ce qu’un choix en matière de gestion peut faire gagner ou perdre, ainsi que les dimensions humaines de tels effets. Elle peut aider les gestionnaires à mieux appréhender et régler d’éventuels problèmes et réduire les conflits. En bref, l’évaluation des SE consiste à faire ce qui suit :

  • déterminer les SE hautement prioritaires;

  • évaluer leur dynamique environnementale, socioculturelle et économique ainsi que leur importance;

  • déterminer les conséquences d’un changement pour ces SE.

L’évaluation des SE exige habituellement la prise de mesures biophysiques et des descriptions des écosystèmes et de la dynamique qui intervient dans la production des SE. Elle exige également une description des avantages des SE pour les personnes et de la dynamique de la répartition de ces avantages entre différents groupes de personnes. Les personnes ne sont souvent pas conscientes de certains avantages des écosystèmes dont ils ont besoin. L’évaluation des SE clarifie ces avantages ainsi que ceux dont les personnes ont habituellement connaissance. L’évaluation des SE peut consister entre autres à déterminer l’importance que les avantages des SE revêtent pour les personnes au moyen de la mesure de la valeur. Cette dernière peut être particulièrement utile lorsque les décisions comportent des compromis, lorsque les décideurs doivent justifier les coûts afférents à la gestion des SE ou lorsqu’il s’impose d’informer diverses parties prenantes de la valeur générale, ou de l’importance, des SE. Il est possible d’effectuer une analyse intégrée des divers facteurs écologiques, socioculturels et économiques pertinents en recourant à une approche d’aide à la prise de décisions (comme l’analyse coûts-avantages, l’analyse multicritères ou le processus décisionnel structuré) qui peut décrire les compromis et les incidences de différentes options en matière de gestion environnementale et de mise en valeur de l’environnement.

Le principal objectif de l’évaluation des SE consiste à étayer la prise de décision reposant sur des faits pour améliorer le bien-être humain et garantir la durabilité environnementale. Comme les SE sont le fondement de la plupart des rapports existant entre les écosystèmes et le bien-être humain, l’évaluation des SE tient nécessairement compte à la fois de la dynamique des écosystèmes et de la dépendance humaine à cette dynamique. Par conséquent, l’évaluation des SE ne remplace pas d’autres analyses axées sur les écosystèmes, mais elle peut être utilisée parallèlement à celles-ci.

Un cadre conceptuel et analytique pour l’évaluation des SE

Le cadre conceptuel et analytique utilisé dans cette boîte à outils pour effectuer l’évaluation des SE est montré à la figure i. En illustrant de quelle façon les composantes écosystémiques sont reliées les unes aux autres, ce cadre contribue à comprendre de quelle façon une activité ou une décision proposée pourrait influer sur la fourniture de SE. La description de multiples disciplines et genres de connaissances qui sont nécessaires pour comprendre la dynamique des SE est une caractéristique de ce cadre. Elle montre que la plupart des évaluations des SE auront besoin d’information biophysique, économique et socioculturelle. Outre les processus de production de services écosystémiques et la répartition des avantages, le cadre admet le rôle que jouent la gestion et la gouvernance pour affecter ces processus, ainsi que les déterminants sociaux et naturels plus généraux du changement - directs et indirects - qui influent sur la façon dont les SE sont produits et gérés.

 

La figure i est un graphique qui illustre le cadre conceptuel de la boîte à outils des services écosystémiques (SE). Le diagramme est formé de trois bandes horizontales et de flèches correspondantes. La bande supérieure est intitulée « Gestion, gouvernance et facteurs de changement » et illustre comment ces éléments influencent la capacité des écosystèmes à générer des SE. La bande du centre montre comment les SE surviennent dans un « système socioécologique » et présente cinq étapes, de la gauche vers la droite. Viennent en premier les structures biophysiques ainsi que les processus des écosystèmes (aussi désignés « capital naturel »). En se déplaçant vers la droite, ces structures et ces processus donnent lieu aux fonctions écosystémiques. Les processus et les fonctions écosystémiques donnent ensuite lieu aux services écosystémiques, lesquels sont présentés au centre. Encore plus vers la droite, les SE produisent des avantages à la population. Enfin, complètement à gauche de la bande, ces services et ces avantages ont une importance pour le bien-être humain. La bande inférieure du diagramme est intitulée « Analyse interdisciplinaire » et énonce les grands champs de connaissances nécessaires pour réaliser une évaluation des SE.

 

Une évaluation en six étapes

Cette boîte à outils présente un guide étape par étape pour effectuer une évaluation des SE rigoureuse et exhaustive, qui comprend une orientation qui peut être utile au sujet de l’information, de l’analyse et du processus. L’effort qu’il faut consentir pour réaliser une évaluation des SE minutieuse dépend de la complexité des questions et des types d’information et d’analyse nécessaires pour étayer la décision. Les six étapes suivantes peuvent être menées à bien à différents degrés selon ce qui est nécessaire pour aborder les enjeux particuliers pour lesquels une évaluation est entreprise. Par exemple, une petite équipe peut tenter de franchir les étapes rapidement afin de décider desquelles elle aura besoin pour trouver une réponse à ses questions et vers où elle devrait canaliser davantage de ressources.

Le tableau i est un guide de référence rapide qui accompagne le processus en six étapes à suivre pour effectuer une évaluation des services écosystémiques présentée en détail au chapitre 2. Les étapes sont certes décrites dans l’ordre par souci de faciliter la communication, mais dans la pratique, le processus est à la fois itératif et progressif.

Tableau i. Guide de référence rapide pour l’évaluation des SE en six étapes.

Étape 1. Déterminer l’enjeu et le contexte

  • Constitution d’une équipe directrice

  • Définition des enjeux qui ont motivés l’évaluation

  • Examen des principaux termes et des considérations

Étape 2. Définir les SE et les bénéficiaires prioritaires aux fins d’évaluation

  • Détermination des SE et des bénéficiaires prioritaires

Étape 3. Cerner ce qui doit être évalué pour répondre aux questions d’évaluation

  • Organisation de l’équipe et du processus d’évaluation :

    • Détermination des besoins en ressources : temps, expertise et financement

    • Établissement de groupes consultatifs, techniques et d’examen

    • Élaboration d’un plan administratif

    • Examen de l’Outil de sélection des SE prioritaires avec l’équipe constituée

  • Détermination de ce qui sera évalué pour répondre aux questions d’évaluation :

    • Description des SE prioritaires dans leurs contextes social et écologique

    • Suivi des rapports que les composantes du système ont entre elles

    • Élaboration d’un plan d’évaluation technique

Étape 4 : Entrer dans les détails : Déterminer les indicateurs, les sources de données et les méthodes d’analyse, et les utiliser

  • Détermination des indicateurs les plus utiles pour évaluer chaque SE

  • Désignation et collecte des sources de données existantes ou élaboration de nouvelles données

  • Sélection et utilisation de méthodes et d’outils d’analyse pour répondre aux questions d’évaluation

  • Choix d’une méthode d’analyse

Étape 5. Résumer les résultats pour répondre aux questions d’évaluation

  • Intégration et synthèse des résultats

Étape 6. Communiquer les résultats de l’évaluation

  • Compréhension de ce que les résultats signifient et ne signifient pas

  • Communication des résultats aux différents publics

  • Distillation des résultats complexes intégrés dans des messages clés

L’étape 1 est la plus importante de l’évaluation des SE : la définition claire de l’enjeu et la détermination des questions auxquelles il faut apporter des réponses. Dans certains cas, l’enjeu est peut-être déjà bien compris, mais, surtout lorsqu’il s’agit d’enjeux complexes, il faut souvent un travail considérable pour acquérir une compréhension détaillée de l’enjeu et de ses divers facteurs écologiques, économiques et socioculturels pertinents. La deuxième activité par ordre d’importance est l’achèvement de l’Outil de sélection des SE prioritaires qui sert à déterminer si l’évaluation des SE est justifiée ou non dans un cas particulier. Il est utilisé dans toutes les évaluations des SE pour déterminer logiquement quel SE peut être en danger dans un cas particulier et les principaux éléments qu’il faut prendre en compte, dont la façon dont les personnes seront probablement touchées. Grâce à l’Outil de sélection des SE prioritaires, il est possible d’obtenir une justification qui soutient l’analyse de la décision au sujet du SE qui devrait être le point de mire d’une évaluation. L’information recueillie pour remplir les feuilles de travail de l’outil est le fondement du reste de l’évaluation.

En raison de l’interdisciplinarité de l’évaluation des SE, il faudra de multiples méthodes et outils d’analyse. Il est très important de choisir et d’utiliser des méthodes et des outils d’analyse qui conviennent pour répondre aux questions d’évaluation. Les cinq types généraux les plus communs d’analyse utilisés dans l’évaluation des SE portent principalement sur ce qui suit :

  • l’étendue, l’état et les tendances des SE (ce qui peut comprendre la façon dont l’étendue, la qualité et la connectivité des composantes du paysage ont trait à la fourniture de SE; « tendances » s’entend de la façon dont les SE changent);

  • les valeurs socioculturelles et économiquesdes avantages des SE (mesure de la valeur);

  • les interactions entre plusieurs SE, y compris les compromis, les effets synergétiques et le regroupement;

  • les rapports entre les SE, les déterminants du changement et la fourniture des avantages des SE (ceci peut comprendre la répartition des avantages et l’accès à ceux-ci);

  • d’autres scénarios futurs de SE et de bien-être humain résultant d’éventuelles interventions de gestion.

Une évaluation des SE peut comprendre une combinaison particulière ou quelconque de ces types d’analyses.

Les conclusions dégagées au moyen des analyses peuvent être appliquées pour répondre aux questions d’évaluation et étayer la décision pour laquelle l’évaluation a été effectuée.

Il est essentiel de comprendre ce que les résultats signifient; cependant, il est tout aussi important de comprendre ce que les résultats ne signifient pas. La portée, l’orientation, la signification et la pertinence des résultats seront toutes influencées par les choix qui auront été faits lors de la conception et de la réalisation de l’évaluation. Une des étapes les plus importantes du processus de communication consiste à prendre une décision au sujet des principaux messages.

Il n’est probablement pas possible d’effectuer une évaluation exhaustive pour chaque décision. Cependant, les analyses des SE et les considérations connexes peuvent toujours guider différentes décisions au moyen d’une approche stratégique. La portée de l’évaluation peut englober n’importe quoi, depuis une brève recension des écrits jusqu’à une collecte et une analyse approfondie de données, selon l’importance et la complexité de l’enjeu et la disponibilité de ressources nécessaires pour la mener à terme. Une évaluation plus minutieuse des SE est probablement très utile et appropriée pour de grands enjeux complexes qui représentent une grave menace pour l’environnement. Une telle évaluation entièrement développée fournira des résultats qui peuvent guider de nombreuses décisions au sujet de l’enjeu. Dans le cas des enjeux moins importants et moins complexes qui représentent un risque moins grave pour l’environnement, il est réaliste de faire des analyses plus modestes tout en suivant toujours les étapes et en utilisant les outils qui étayent l’analyse de cette boîte à outils de façon stratégique. Même une analyse relativement simple « interne », qui prend en compte les aspects écologiques, socioculturels et économiques de l’enjeu de façon intégrée est utile pour cerner les considérations essentielles et pour choisir des mesures qui peuvent se traduire par des résultats plus favorables.

La boîte à outils est une ressource et un guide pratique exhaustifs

Cette boîte à outils propose un guide pratique par étapes et de nombreuses ressources qui améliorent la compréhension et donnent une orientation supplémentaire. Son approche est entièrement interdisciplinaire. Il doit contribuer à satisfaire à la nécessité de renforcer la capacité d’utiliser l’évaluation des SE et concourir à prendre en compte les considérations afférentes aux SE dans la gestion environnementale et la prise de décisions. Les rôles que doivent jouer différents types de connaissances sont entrelacés dans toute cette boîte à outils, parce que les SE sont un résultat des interactions entre les écosystèmes et les sociétés humaines. L’évaluation des SE et bon nombre des analyses de ses composantes seront, par conséquent, réalisées au moyen d’une collaboration interdisciplinaire entre des biophysiciens, des chercheurs en sciences sociales et des économistes, à chaque étape.

Les utilisateurs de la boîte à outils sont vivement encouragés à parcourir l’ensemble de ce document avant de commencer une évaluation afin de se faire une idée de ce que cela implique et des outils qui sont à leur disposition et pour comprendre à quel moment et de quelle façon leurs propres domaines d’expertise peuvent contribuer au travail d’une évaluation.

L’approche de la boîte à outils peut au besoin être adaptée à chaque contexte. Comme chaque écosystème est unique, une évaluation est habituellement propre au contexte. Dans quelques cas, les décideurs souhaitent peut-être savoir si un ensemble de SE est géré de façon durable ou si un quelconque SE est sur le point de péricliter. Dans d’autres cas, ils souhaitent peut-être savoir quels SE sont importants pour les populations locales, de quelle façon ils sont importants ainsi que leur importance relative, par exemple, pour l’élaboration d’un plan régional.

Cette boîte à outils contient des outils et des ressources clés pour planifier et réaliser une évaluation des SE et les analyses qui concourent à une telle évaluation (voir le graphique Qu’y a-t-il dans la boîte à outils ci-après) :

  • Le chapitre 1 jette les fondations. Il montre l’utilité de l’évaluation des SE pour un vaste éventail d’activités afférentes aux politiques, et donne cinq exemples qui vont du contrôle des inondations à l’approvisionnement en eau douce. La connaissance intime des types de SE et du cadre conceptuel et analytique utilisé pour les évaluer dans cette boîte à outils est importante dès le départ. Le chapitre se termine par un conseil sur la façon de déterminer si oui ou non une évaluation des SE est recommandée ou justifiée pour une situation donnée.

  • Le chapitre 2 explique comment réaliser l’évaluation des SE pour un ensemble de besoins. Il explique les six étapes de l’évaluation des SE, depuis la description limpide des raisons et du contexte des travaux jusqu’à la communication des résultats définitifs. Les liens vers les principaux outils et ressources des onglets d’outils sont intégrés pour concourir à terminer chaque étape. Des suggestions sont données pour l’utilisation stratégique des étapes lorsque le temps et les ressources pour réaliser une évaluation exhaustive manquent, mais qu’un certain degré d’analyse des SE est toujours souhaité.

  • Le chapitre 3 donne des conseils sur la façon d’aborder les éléments des SE dont il faut tenir compte dans divers contextes stratégiques, comme la planification spatiale, l’évaluation environnementale et la gestion de la faune, entre autres. Pour chaque contexte, le chapitre donne des conseils au sujet de la pertinence des SE, des points d’accès pour l’intégration de l’analyse des SE ou des éléments à prendre en ligne de compte dans des processus typiques, des considérations supplémentaires et des sources. Des exemples canadiens sont présentés pour la plupart des contextes.

  • Dix « onglets d’outils » fournissent des outils et des ressources pour effectuer l’évaluation des services écosystémiques, dont :

    • des descriptions pratiques comportant des exemples pour chacun des 28 types de SE;

    • des avis concis au sujet de sept enjeux transversaux dans le cadre de l’évaluation des SE;

    • des éléments à prendre en compte pour l’évaluation des SE impliquant des collectivités autochtones du Canada;

    • neuf feuilles de travail pratiques pour réaliser une évaluation des SE;

    • des explications de onze catégories d’indicateurs et un tableau exhaustif d’indicateurs pour chaque type de SE;

    • des avis clairs sur les approches économiques et socioculturelles de la mesure de la valeur;

    • un recueil de fiches d’information sur plus de 40 sources de données, méthodes d’analyse et outils pour l’évaluation des SE;

    • des réponses aux 45 questions fréquemment posées dans les chapitres de la boîte à outils;

    • un glossaire donnant les définitions de plus de 70 termes principaux;

    • une liste de référence de plus de 110 analyses canadiennes afférentes aux SE.

  • Des notes de bas de page sont utilisées dans tout le document pour clarifier et étoffer le contenu, orienter les utilisateurs vers d’importantes ressources qui se trouvent ailleurs dans la boîte à outils et contribuer à la valeur de la boîte à outils en tant que ressource.

  • Une bibliographie complète des sources citées figure à la fin de la boîte à outils.

Genèse de la boîte à outils

Depuis plus de vingt ans, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada travaillent en collaboration pour favoriser l’utilisation durable et la conservation de la diversité biologique, pour respecter les engagements nationaux pris par le Canada dans le cadre de la CDB de l’ONU. Ils ont élaboré et mis en œuvre la Stratégie canadienne de la biodiversité, le Cadre axé sur les résultats en matière de biodiversité et les Buts et objectifs canadiens pour la biodiversité d’ici à 2020 [6].

Sur directive d’un Comité national des sous-ministres adjoints (SMA), les gouvernements lancent des initiatives pratiques qui contribuent à renforcer la capacité de prendre des décisions éclairées au sujet de la biodiversité au Canada. Une de ces initiatives est l’Étude sur l’importance de la nature pour les Canadiens (EINC), qui a reçu pour mandat d’élaborer de l’information sur l’importance écologique, socioculturelle et économique de la nature au Canada, pour les Canadiens. Un groupe de travail national comptant un représentant de chaque province, territoire et ministère fédéral qui a un mandat connexe à l’environnement travaille de concert depuis 2009 pour livrer des produits utiles. Tout récemment, il a publié les résultats de l’Enquête canadienne sur la nature 2012 [7].

Un aspect important de l’EINC a consisté à développer la capacité de travailler avec le concept de recourir aux SE pour étayer la prise de décisions. Tous les ordres de gouvernement du Canada sont intéressés à la façon dont l’évaluation des SE peut les aider à prendre un vaste éventail de décisions à différentes échelles. Le groupe directeur national de SMA sur la conservation, la faune et la biodiversité et le Comité fédéral des SMA sur la biodiversité s’est rendu compte de la nécessité de donner une orientation claire et concrète qui aiderait leur personnel et leurs experts-conseils à réaliser l’évaluation des SE. Les SMA ont cherché une approche qui englobe entièrement les sciences biophysiques, les sciences sociales et l’économie pour obtenir des résultats fiables; ils ont donc demandé que cette boîte à outils fasse partie du programme de travail de l’EINC. Le groupe de travail de l’EINC devait donc aborder les quatre enjeux ci-après au moyen de cette boîte à outils :

  • comment décider si l’évaluation des SE convient à la situation;

  • comment réaliser une évaluation interdisciplinaire solide des SE englobant les sciences biophysiques, sociales et économiques;

  • comment savoir ce que signifient les résultats de l’évaluation et ce qu’ils ne signifient pas;

  • comment utiliser l’évaluation des SE dans divers contextes stratégiques et décisionnels.

Cette boîte à outils a été élaborée en collaboration avec le personnel de ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux et des examinateurs et contributeurs experts non gouvernementaux des universités et du secteur privé. Elle est éclairée par une synthèse de l’évaluation des SE et des travaux de recherche révisés par des pairs connexes qui sont effectués dans le monde entier depuis plus de 15 ans. Le travail était dirigé par le secrétariat de l’EINC d’Environnement et Changement climatique Canada.

À qui s’adresse la boîte à outils?

Le public principal auquel cette boîte à outils s’adresse sont les analystes et gestionnaires qui travaillent pour les gouvernements et leurs organismes du Canada à l’échelle fédérale, provinciale, territoriale, régionale, municipale ou du bassin hydrographique. La boîte à outils peut être utilisée pour réaliser l’évaluation des SE ou des analyses des composantes à l’interne, si l’expertise suffisante est disponible, ou pour donner aux experts-conseils qui possèdent une expertise suffisante des instructions au sujet des procédures qu’ils doivent suivre lorsqu’ils attribuent du travail à contrat pour le compte du gouvernement. En tant que guide technique, cette boîte à outils fournit des conseils pratiques précis sur les travaux devant être effectués par des personnes dont les domaines d’expertise sont très différents, qui abordent le domaine des SE sous des angles différents.

La boîte à outils est particulièrement utile pour les professionnels dans les domaines de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Son utilité s’étend également au-delà de ces domaines parce que le concept et les mesures des SE contribuent à intégrer la prise en compte de « l’environnement » à des décisions qui ne sont habituellement pas considérées comme étant « environnementales ». Par exemple, elle pourrait également être utile pour les analystes et les experts en politique de santé ou politique des transports. Les utilisateurs de la boîte à outils sont encouragés à correspondre avec les auteures principales pour leur communiquer des commentaires sur leur expérience.

Cette figure contient une représentation graphique de la table des matières de la boîte à outils. À gauche se trouvent cinq cases placées les unes sous les autres et reliées par des flèches pointant vers le bas. Les trois premières cases contiennent chacune le titre d’un chapitre. Sous celles-ci se trouve une autre case dans laquelle on retrouve les titres des outils des dix onglets-outils. La case inférieure, à gauche, présente d’autres éléments, dont des cases-conseils, des exemples, des aperçus des étapes, un outil de suivi des progrès réalisés, des liens internes et externes, des notes de bas de page ainsi qu’une liste complète des sources citées. À la droite du graphique se trouve une case qui est liée à la case « Chapitre deux », dans la colonne de gauche. Cette case présente chacune des six étapes du processus d’évaluation des outils de SE. Une flèche au bas de la case pointe vers le bas, vers une autre case contenant les titres des neuf feuilles de travail pratique, lesquelles constituent un élément clé de la boîte à outils et qui figurent dans l’onglet-outil 4. Une flèche tiretée relie la référence à l’onglet-outil 4, à la gauche du graphique, et cette liste de feuilles de travail.

Notes:

1. Voir Outils – Onglet 9 : Glossaire pour des définitions des principaux termes qui figurent dans la présente Boîte à outil, comme avantages, valeurs et SE.

2. Voir Enjeu 6 dans Outils – Onglet 2 : Enjeux transversaux et principales considérations pour le rôle de la biodiversité dans les SE.

3. Selon l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM) de l’ONU, 60 % des SE évalués selon une échelle globale (15 sur 24) étaient dégradés ou utilisés de façon non durable.

4. Convention sur la diversité biologique (CDB) de l’ONU 2010. Les PMDB-4 ont signalé en 2014 que malgré quelques améliorations, les tendances actuelles indiquent que ces pressions continueront de s’exercer jusqu’en 2020 au moins, voir la CDB 2014.

5. EM 2005.

6. Gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada 2014a; 1995; 2005. Voir BioDivCanada.

7. Gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada 2014b.